J'avoue ! Ce titre est un brin provocateur.
Il n'avait évidemment de cesse que de vous attirer, depuis blog-appétit ou ailleurs, en espérant capter votre attention ou piquer votre égo.
Et pourtant, en ce dimanche pluvieux et venteux d'octobre, près de 3 ans jour pour jour depuis mes premiers tâtonnements sur ce blog, je m'interroge sur l'évolution de ce véritable phénomène de société bien de chez nous : la culino-blogosphère !
Ici, les premiers seront certainement les derniers. En effet, lorsque le créneau, vierge, était encore à prendre, Pascale Weeks, pionnière française, juste derrière la première culino-blogueuse l'exilée aux Amériques, Clothilde (Chocolate & Zucchini) vint planter le décor, en toute simplicité et efficacité. Quelques livres plus tard, elle n'a rien perdu de l'authenticité de ses débuts. Le format s'est affirmé, mais le style est resté, intact. Il faut dire qu'elle avait mis la barre très haut dès le début. Son blog est indiscutablement un des incontournables piliers de la culino-blogosphère. Je salue également l'initiative qu'elle a eu, avec d'autres blogueuses, dont Mercotte, d'aller exercer leur professionalisme sur un autre site afin de ne pas tout mélanger ("A table et cie").
Mais l'émulation est forte, et toutes et tous, rivalisent désormais de talent pour relooker leurs bannières, revoir leur charte graphique et leur maquette, et investir dans de véritables labos-photo pour immortaliser leurs chefs d'oeuvre, avec des photos dignes des éditions Marabout !
Et à force de bloguer-cuisiner, force est de constater que les résultats se professionalisent : les mets photographiés semblent désormais provenir des meilleures tables ou étales de pâtissiers. Pour être honnête, les macarons de mon boulanger font pleurer à côté de ceux que l'on croise désormais quotidiennement sur vos blogs !
Et pourtant, c'est précisément cela qui m'ennuie aujourd'hui...ce côté pro-de-l'édition-en-ligne qui semble sommeiller en chacun d'entre nous...
J'aimais, que dis-je !? j'adorais la fraîcheur 'faite maison' un brin brouillonne mais si généreuse de la Popotte de Manue. Chaque petit tour du côté de son blog un thé à la main suffisait à me remplir les narines d'odeurs de brioche à peine sortie du four, de rires d'enfants et de mains qui collent. Aujourd'hui, je suis en extase devant la qualité visuelle de ses réalisations, le stylisme photo, la lumière, presque digne d'une édition pro. Mais il me manque cette proximité, ce petit côté réel qui rendait son écriture unique, même si le ton n'a pas changé. Tout est désormais trop parfait.
Et puis il y a ce rêve d'être enfin édité... c'est un peu comme si c'était le but ultime de tout cet exercice, être repéré, contacté, mis en selle pour participer à la grande ronde prodigue de l'édition culinaire, qui n'en finit plus de boumer depuis ces deux dernières années. Allez ! Osez me dire que ce n'est pas là le petit rêve secret de la plupart des culino-blogeurs et bogueuses...
Bravo à celles et ceux qui ont su saisir ce tournant majeur de l'internet 2.0 pour se relancer, se lancer à plein temps dans leur passion ou s'en découvrir une nouvelle. Nous les suivrons d'un oeil d'ami bienveillant.
Et à tous les autres, par pitié, gardez et cultivez vos imperfections, votre amateurisme et contnuez de rire de vos loupés, car ils font toute l'authenticité, la fraîcheur et le divertissement de ce petit monde. Car franchement, si je veux un livre de cuisine, parfaitement maquetté et édité, avec de magnifique photos, j'en achète un. Ce que je chercher sur vos blogs, c'est tout ce qu'un éditeur n'osera jamais imprimer dans un livre !
Les commentaires récents