En écriture, la page blanche ne m'a jamais véritablement angoissée. Une photo, un détail, et c'est parti, je peux écrire (n'importe quoi) sur n'importe quoi.
Je dois avouer qu'il n'en est pas de même pour la déco.
Quelle chance pourtant de pouvoir tout repenser, repartir de presque zéro. Car quand même, il faut bien composer avec quelques éléments du passé, quelques meubles par exemple qu'il serait un peu capricieux de laisser derrière nous, et surtout bien trop onéreux à remplacer tous.
Cette nouvelle maison, je l'ai d'abord pensée dans ma tête. Elle n'existait que sur des plans. Après de longs mois d'attente (une éternité en fait, mais qui est finalement passée très vite...je me comprends) j'ai enfin pu me rendre compte en volume et en bien réel de ce que donnaient ces quelques traits de crayon noir sur un plan. Pas de mauvaise surprise. Les volumes étaient plutôt conformes à ce que j'avais imaginé. L'agencement ayant été pensé dès l'élaboration des plans, aucune réflexion métaphysique n'était plus nécessaire (à ce sujet, penser chaque prise de courant, variateur et va et vient avec deux ans d'avance, c'est un vrai casse-tête que je suis très contente d'avoir délégué à mon spécialiste en détails pratiques). Me restait la déco !
Et là, le grand vide. D'inspiration : neni. J'avais du trop l'attendre. Tout ce blanc et ce béton ne m'inspirait rien. L'angoisse de la page blanche.
Et puis un jour où je lui rendais visite, le déclic s'est produit. Etait-ce le parquet récemment posé ? Le rayon de soleil qui dardait dans la grande pièce ? L'envie est venue. Le ton était donné. A mille lieux de ce que j'avais théorisé toute seule dans mon coin avec mes épluchures de magazine déco.
Je la voulais design et zen cette maison ? Elle serait cosy et flamande ! Je la voulais sophistiquée dans le choix de ses revêtement muraux ? Elle serait simple, presque brute par endroits.
Et tout a commencé à prendre forme dans ma tête, puis sur mes mood-boards, dont je vous fait profiter depuis quelques jours. Les échantillons se sont accumulés à la vitesse de l'éclair. Je remercie au passage mon amie, qui m'a remis un samedi soir l'intégralité de ses pots d'échantillons Farrow&Ball !! pour stimuler ma créativité).
A ce propos, je découvre l'énorme avantage de photoshop pour monter ces petits extraits d'inspiration (il y a 10 ans, j'avais effectué le même travail avec papier colle et ciseaux.. et cela s'était avéré plus long et surtout moins facile à modifier au fur et à mesure de la réflexion). (Bientôt dans ces pages, mes conseils pour les réaliser efficacement)
Effectivement, c'est certainement ce parquet (choisi il y a si longtemps sur un échantillon de 2m par 2m !) et ce petit rayon de soleil qui auront été le déclencheur. L'ambiance s'est ainsi imposée par elle-même !
Une inspiration vient souvent d'une tonalité, d'un objet et l'on construit ensuite autour. On déroule le fil, tout naturellement. On se laisse guider parce qu'il nous dit. Reste quand même à trouver cet objet ! Cela peut être aussi simple qu'une lampe au coloris si précieux (hein Mme Chacha ?), un coussin, un bout de tissus.
Il faut se méfier du design des autres. On le trouve souvent magnifique, mais se voit-on vraiment y vivre ? D'ailleurs, j'ai du mal à comprendre comment font les gens qui cèdent les clés de leur intérieur à un décorateur en leur laissant carte blanche. Comment font-ils pour s'approprier un lieu qu'ils n'ont pas eux-même façonné ? Au moins un peu...Pour moi, ce serait comme vivre dans un hôtel. Un très beau lieu, mais pas le mien. Et puis parfois, il vaut mieux également sérieusement se méfier des idées esthétiques arrêtées de certains architectes. Celles, par exemple, du génie qui a réalisé la rénovation de la maison qui fait face à mon appartement aujourd'hui. Pas de volets ! C'est moche les volets ! De grandes baies vitrées gigantesque ! Magnifique !...en fait pas magnifique du tout quand vient le soir et que s'allument les lumières. J'ai l'impression de vivre devant un écran 16/9ème géant avec au programme : la vie quotidienne de la famille j-ai-cédé-aux-idées-géniales-mais-pas-vivables-de-mon-archi. Résultat, ils ont mis des rideaux immondes partout.
Bon, trêve de digression. Je retourne à mes échantillons avant d'attaquer sérieusement les cartons...
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